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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 20:34

zone.jpgL’environnement urbain construit ces quarante dernières années ne correspond à aucune espérance humaine autre que matériel. Les grandes surfaces, symboles de notre société de consommation, ont remplacé nos églises en devenant le lieu de rassemblement autour duquel se développent l’habitat pavillonnaire et les grandes barres H.L.M.. Pendant que Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse, Bordeaux, Lille… s’agrandissent démesurément et inhumainement, les cantons ruraux peinent à survivre. Or ces lieux de vie façonnèrent pendant des siècles les paysages de la France. Ils permettaient à chacun d’avoir un enracinement solide tout en répartissant d’une façon équilibrée les richesses. Aujourd’hui, beaucoup de ces bourgs abandonnés revivent uniquement à la belle saison, lorsque les citadins reviennent ouvrir leurs maisons secondaires pour respirer l’air pur de la campagne. Ces personnes délaissent la pollution et le stress des agglomérations le temps d’un week-end ou de quelques semaines. Mais pour ceux qui n’ont ni les moyens de financer ces séjours natures, ni plus aucune attache au monde rural, le quotidien reste ancré à la ville où le chacun pour soi remplace bien souvent les valeurs de solidarité de l’ancien monde paysan. Car l’isolement ne se vit pas qu’à la campagne. L’isolement urbain, rarement choisi par ceux qui le subissent, est devenu l’un des nombreux aspects négatifs de nos nouvelles agglomérations. Nous sommes perdus dans la masse et dans l’agitation de nos journées trépidantes. Les liens sociaux se diluent au fur et à mesure que la ville grandit. A la suite d’Alain Leygonie, auteur de Travaux des champs, nous pourrions penser que « l’évènement majeur du vingtième siècle ne serait pas le déluge de fer et de feu, l’épouvantable massacre des deux guerres mondiales, leurs dizaines et dizaines de millions de morts, leurs horreurs, leurs ravages, leurs destructions, mais plutôt le basculement dans la modernité, en France et dans le monde, de populations rurales dont les conditions d’existence et de travail n’avaient guère changé depuis le Moyen Âge, voire le néolithique. » Ce livre raconte, avec une certaine nostalgie, le crépuscule de notre paysannerie avec ces gestes millénaires. Georges Bernanos, dans son livre Le crépuscule des vieux, disait en référence à la Guerre de 14-18 : « la religion du Progrès, pour laquelle on nous avait poliment priés de mourir, est en effet une gigantesque escroquerie à l’espérance. »

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Aujourd’hui, nos campagnes et nos villages nous renvoient trop l’image de la vieille France. Celle du clocher dressé fièrement au centre de la place du marché où se regroupe la vie et les petits commerces, là où les habitants demeurent sensibles aux mots racines et identités régionales. Cette image contraste trop avec le cosmopolitisme de nos grandes villes. La campagne vit encore au rythme des saisons ce qui représente un handicap pour l’Homme moderne qui désire travailler, se déplacer et maîtriser son emploi du temps quoi qu’il arrive. La nuit les sépare aussi. Quand la campagne s’enfonce dans l’obscurité, la ville s’illumine comme un sapin de noël. Nous devons rééquilibrer cette fracture entre ville et campagne. Il nous faut renouer avec notre passé rural et renverser l’exode urbain.

Pourtant, malgré ces bouleversements, que nous considérons comme néfastes, nos nouvelles agglomérations auraient pu elles aussi avoir une valeur sociale structurante. Mais pour que ceci soit réalité, il aurait fallu que les individus qu’y habitent puissent partager une histoire et croire en un idéal commun pour le bien de notre collectivité. Au lieu de ça, nous sommes confrontés à un communautarisme de plus en plus violent où nos grandes villes ne deviennent que le théâtre de notre décadence.

Vincent

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