Qui peut encore ignorer cette rivalité qui oppose Stéphanois et Lyonnais ? Elle est tellement ancrée et chevillée aux corps de beaucoup d’entre nous que nous avons l’impression qu’elle se transmet génétiquement. Vous êtes Stéphanois de naissance, vous devez être anti-lyonnais ! C’est la même affaire sur les bords du Rhône. Vous naissez gone, vous devenez anti-gagas ! En évoquant cette vraie rivalité entre Saint-Etienne et Lyon, nous ne pouvons guère éviter de tomber dans ces clichés véhiculés de façon volontaire par les deux camps pour ainsi mieux marquer la différence des deux villes. A l’esprit, me viennent les descriptions hâtives qui opposent, depuis la révolution industrielle, la cité ouvrière, « Sainté, » à la ville bourgeoise et cossue de Lyon. Le foot, par le biais des deux grands clubs de la région, l’ASSE et l’OL, n’a fait que cristalliser la rivalité existant entre les deux villes. Les groupes de supporters, qui sont bien souvent les derniers gardiens de l’âme et de l’identité de leurs clubs, expriment le mieux et le plus fortement cette opposition que certains osent parfois avec timidité faire remonter à la période médiévale. Nous pouvons nous retourner vers les XIème et XIIème siècles pour mieux comprendre pourquoi Foréziens et Lyonnais ne s’aiment plus. Les nombreux conflits qui opposèrent les comtes de Forez et les archevêques de Lyon peuvent imager, d’une certaine façon, cette hostilité qui demeure marquée encore aujourd’hui. Il suffit d’être présent à Geoffroy Guichard ou à Gerland un soir de derby pour voir les tribunes populaires se transformer en camp retranché. Au dessus des têtes de supporters survoltés, volent au vent les blasons des groupes d’ultras, du Forez, de Saint-Etienne, de Lyon et de l’OL. Chaque camp possède ses chants le rattachant à une longue histoire. Les Stéphanois s’identifient avec fierté au passé minier de leur ville pendant que les Lyonnais s’enorgueillissent du prestige national et international de leur cité. Tout ceci nous donne l’impression que deux mondes s’affrontent et pour beaucoup c’est ce qui fait le charme du derby.
Malheureusement, pour certains, il arrive que le derby dure toute l’année. La rivalité se transforme en haine. Avec le temps, nous arrivons à ne plus voir les priorités et nous restons focalisés sur les différences qui opposent Lyon à Saint-Etienne, le Lyonnais au Forez. Pourtant, qu’on le veuille ou non, ces deux pays ont une histoire commune, faite de passions, d’ententes, de déchirures. A plusieurs reprises, Foréziens et Lyonnais, malgré les difficultés, ont combattu côte à côte : contre les « Tard-Venus » à Brignais en 1362, pour s’opposer à la dictature de la Convention en 1793…. Face à l’adversité, quand bien même le combat semblait perdu d’avance, l’intérêt régional ou national a bien souvent dicté à nos ancêtres que l’union prime sur la division.
Depuis quelques mois des incidents sérieux ont durci un peu plus la rivalité entre les deux partis. Le comportement de certains joueurs de l’OL à l’Hôtel de ville de Lyon et le pétard lancé par un supporter stéphanois sur un joueur lyonnais sont des faits qui restent anecdotiques dans la longue confrontation qui oppose ces deux clubs et nos deux régions
Crédit photo: Pilgab
Le désir d’en découdre, ravivé chez quelques supporters, ainsi que la volonté de ne rien lâcher et de rendre coup pour coup, ne font qu’alimenter la rage qu’éprouvent certains stéphanois et certains lyonnais. Malheureusement, ce sentiment de rage est susceptible de créer des dérapages tragiques plus que fortement attendus par la Ligue professionnelle de football, impatiente d’arriver à ses fins d’ici l’Euro 2016 ; c’est à dire dissoudre tous les groupes de supporters ne respectant pas les règles du « foot business ».
Aujourd’hui, la France est confrontée à des crises majeures (identitaire, économique, immigration de peuplement et de remplacement, islamisation…). Dans cette période trouble, il est plus que raisonnable de laisser la politique en dehors des stades mais il est aussi judicieux de savoir reconnaître ses véritables ennemis. Le derby est et restera unique pour tous les véritables amateurs de ballon rond mais l’amour que l’on ressent pour le Forez, le Lyonnais et la France doit pouvoir transcender nos différences et nous pousser à nous unir pour que demain notre Histoire continue de s’écrire dans le respect des grandes traditions et des principes européens. Foréziens et Lyonnais, nous sommes tous des descendants des Ségusiaves, de paysans et d’ouvriers, qui devraient être prêts à se dresser ensemble contre ceux qui souhaitent nous asservir.